Rendue populaire par le bitcoin, la technologie derrière cette fameuse crypto-monnaie, la blockchain, pourrait changer le monde selon The Economist.
Professeur émérite de l’Université de Lille 1, Jean-Paul Delahaye compare la blockchain à « un très grand cahier que, librement et gratuitement, tout le monde [peut] lire, sur lequel tout le monde [peut] écrire, mais qui [est] impossible à effacer et indestructible ». Cette « chaîne de blocs » correspond, en effet, à une base de données contenant l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Cela va assurément plus loin qu’un simple grand document : une blockchain est transparente, accessible par tous, infalsifiable, sécurisée et ne nécessite pas d’organe de contrôle ni d’intermédiaire de confiance.
Des intermédiaires de confiance rendus obsolètes ?
C’est d’ailleurs ce dernier point qui pourrait remettre en cause chacune des transactions basées sur la confiance entre les acteurs. Du système bancaire à celui des élections démocratiques, de nombreux secteurs seraient touchés. Les blockchains pourraient même mettre directement en relation les utilisateurs de plateformes collaboratives comme AirBnB ou Uber en s’en affranchissant. « Dans un futur proche, il pourrait y avoir des véhicules autonomes, sans propriétaire, mais qui seraient mis en commun via une application basée sur une blockchain », imagine Alex Tapscott, fondateur et PDG du cabinet de conseil en blockchain Northwest Passage Venture.
Les banques prennent les devants
Avant d’être dépassé par cette nouvelle technologie, de nombreux grands groupes bancaires se projettent et envisagent les applications possibles des blockchains. Le groupe Infosys Finacle vient de publier les résultats de l’étude « Blockchain technology : From hype to reality ». En interrogeant plus de cent professionnels de la finance et de la banque, elle permet de mieux appréhender la vision qu’a ce secteur de cette technologie. Cela se traduit à travers trois domaines :
– Les investissements réalisés et les applications de la blockchain ;
– Les stratégies d’adoption ;
– Les opportunités et les défis à relever.
La moitié des banques interrogées a déjà investi dans la blockchain ou s’apprête à le faire en 2017 (‘Innovators’ et ‘Early followers’). Les banques restantes, les ‘late adopters’, sont celles qui attendent tout d’abord que la technologie soit plus mature avant d’investir. Les investissements devraient d’ailleurs continuer d’augmenter en 2017 : les 19% de répondants à l’enquête qui ont investi entre 1 et 10 millions de dollars ont pour objectif d’accroître ce montant cette année. D’un point de vue plus global, un tiers des interrogés envisage une adoption commerciale de la blockchain dès l’année prochaine même si, pour 50%, il faudra attendre 2020.
Ceci dit, une grande partie des banques interrogées (plus de deux tiers) expérimente déjà une blockchain contrôlée. Pour mener à bien ces projets, 80% de ces banques indiquent travailler de concert avec leurs pairs, des FinTech partenaires ou des entreprises technologiques. Les 20% restants sont celles qui développent en interne cette technologie. Pour preuve de l’importance accordée à la blockchain, les personnes en charge de tels projets de développement occupent un poste au sommet de la hiérarchie : la moitié d’entre elles sont des Directeurs techniques ou des Directeurs de l’innovation.
La blockchain, cette « machine à confiance », devient un véritable enjeu que les grands groupes bancaires ne veulent pas rater. Des chiffres prometteurs pour une technologie qui pourrait révolutionner, entre autres, ce secteur.
Retrouvez l’intégralité de l’étude d’Infosys Finacle ici.
Par Quentin Hellec.