Ello : « The next small thing » ?



« Votre réseau social appartient aux publicitaires. Les publicitaires achètent vos données de façon à vous montrer plus de publicités. Vous êtes le produit qui est acheté et vendu. »

Ces affirmations peuvent être lues dans le manifeste, présent en première page du site du réseau social Ello. Clairement identifié, Facebook est la principale cible d’Ello et de son fondateur Paul Budnitz qui déclarait « Nous ne collecterons pas ni ne vendrons, vos données personnelles sur Ello »

Pour l’instant encore très fermé, ce réseau social tend à se développer très vite grâce au buzz créé. Reprenant les principes de Facebook, Twitter ou encore Google + et Tumblr, Ello se veut beaucoup plus épuré, doté d’un design plus minimaliste et sobre que ses concurrents. Il a surtout fait la promesse d’absence de publicité et vente de données d’utilisateurs, vecteurs de son succès grandissant.

Un fort engouement :

ElloOuvert publiquement depuis août 2014 avec 90 utilisateurs, le nombre d’inscrits total n’est pas dévoilé, cependant le fondateur du réseau social annonçait récemment dans Le Monde 45.000 nouvelles demandes d’invitations par heure. Les promesses issues du manifeste réunissent de nombreux utilisateurs contestant le modèle économique publicitaire des réseaux sociaux existants ainsi que de nombreux curieux attirés par ces promesses. Et en même temps, une fois entré dans le monde d’Ello, on se sent vite tout seul (certes avec des invitations hype à distribuer mais seul !), car peu de monde de notre cercle y est présent, tout est à recréer. C’est pour cette principale raison que la plupart des utilisateurs délaissent le réseau social peu après s’y être inscrits après une petite semaine, sans avoir fait le moindre post.

Deux chiffres, recueillis par RJmetrics parmi un échantillon de 160.000 comptes :

36% d’inscrits n’ont jamais posté

-Après 6 jours, 20% des membres sont encore actifs (mêmes stats que Twitter en 2009)

Quel modèle économique ?

La volonté des créateurs est d’entrer dans un modèle freemium (une offre gratuite en libre accès avec possibilité d’offre premium, payante) pour garantir aux utilisateurs l’absence de publicités ainsi que l’absence de revente de données personnelles.

La monétisation reste inévitable, FreshTracks (société qui finance en capitaux propres de nouvelles entreprises) a injecté 435.000$ de capital dans les caisses du réseau social et il va vouloir récupérer sa mise initiale. Pour cela, le modèle freemium est remis en question, encore faut-il que les utilisateurs décident d’investir ce réseau durablement en temps et en argent, grâce au futur catalogue d’options qui sera disponible. Les fondateurs souhaitent s’inspirer de l’AppStore pour développer leurs applications payantes. Il va falloir donner envie aux utilisateurs de payer, à leur charge d’innover et de trouver des fonctionnalités qui feront rêver le plus grand nombre !

Quelle suite ?

Finalement, Ello est une start-up comme d’autres et va devoir se développer pour vivre. Elle a choisi de se positionner sur le créneau de protection des données, de l’anonymat, en vogue en ce moment (quand on regarde les croissances de Snapchat ou Secret).

Ello-visuel

Que va-t-il advenir une fois le côté excitant du système d’invitations disparu ? Une fois que non, vous ne serez plus considéré comme le type hype qui « a eu son invit » et qui va pouvoir faire de dix de ses amis les nouveaux VIPVRP de ce réseau ?

Cependant, n’oublions pas qu’Ello est toujours en BETA et que de nombreux changements tant sur le fond que sur la forme arrivent régulièrement.

La question n’est évidemment pas de se demander si Ello détrônera Facebook (du haut de ses 28 millions d’utilisateurs français), mais comment il va évoluer aux côtés de ses énormes concurrents ? Va-t-il permettre une prise de conscience -des grands du domaine, des utilisateurs- sur la thématique de protection des données personnelles et de contenu « ad-free » ?

Rendez-vous dans quelques mois !