Nos lectures d’été : (re)penser l’organisation du travail



Profitons de l’été pour nous mettre à jour dans nos lectures ! Le Lab des Usages vous propose une sélection d’articles et d’ouvrages traitant de problématiques incontournables en cette période si particulière ! Organisation du travail, vie professionnelle vs. vie privée, management des savoirs : il y en a pour tous les goûts !

Travailler en temps de pandémie : les bouleversements liés à la crise à l’origine d’une nouvelle organisation du travail ?

La crise sanitaire que nous avons connue durant les premiers mois de l’année a eu un impact sans précédent sur l’organisation du travail. Entre confinement, télétravail et chômage partiel, toutes les organisations ont dû repenser leurs processus : gestion des tâches, management, suivi des employés, mise en œuvre du télétravail, etc. Autant d’éléments qui ont marqué (durablement ?) notre rapport au travail. Mais à quel point ? Quels ont été les impacts sur notre manière de travailler, notre relation à autrui (collègues, hiérarchie, mais aussi vie familiale qui s’est parfois retrouvée indissociable de l’activité professionnelle) ? Anne LAMBERT et ses co-auteurs explorent les conséquences de ces bouleversements, en s’appuyant sur les résultats d’une enquête réalisée par l’Ined auprès de 2003 personnes.

Lambert, Anne, et al. « Le travail et ses aménagements : ce que la pandémie de covid-19 a changé pour les Français », Population & Sociétés, vol. 579, no. 7, 2020, pp. 1-4.

https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/30315/579.population.societes.juillet.2020.covid.travail.france.fr.pdf

Les répercussions de la crise sont également étudiées par Soufyane FRIMOUSSE et Jean-Marie PERETTI, qui ont interrogé pas moins de 155 enseignants-chercheurs, experts, consultants, dirigeants d’entreprise, DRH, responsables opérationnels et fonctionnels, résidant dans 16 pays répartis sur les 5 continents. Ces experts, praticiens et chercheurs apportent leur réponse à une même question : « Quelles pourraient être les répercussions durables de la crise sur le management ? ». Chacun développe, le temps d’un paragraphe, son point de vue ; d’une nouvelle flexibilité des entreprises aux modifications des rapports interpersonnels, du renouvellement du sens donné au travail à l’importance de l’agilité, chaque réponse est comme l’une des facettes multiples d’un nouveau prisme à travers lequel envisager le travail.

Frimousse Soufyane, Peretti Jean-Marie, « Les répercussions durables de la crise sur le management », Question(s) de management, 2020/2 (n° 28), p. 159-243.

https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2020-2-page-159.htm

La crise que nous connaissons, à l’instar de toutes celles qui l’ont précédé, apporte indéniablement son lot de changements ; l’organisation du travail, comme nous l’avons vu, a été fortement bouleversée et des répercussions durables semblent se profiler. Le changement organisationnel, voulu ou non, précipité ou réfléchi, s’accélère et les entreprises « enclenchent des cycles accélérés de changement » qui génèrent un sentiment de saturation – sans oublier que le changement engendre souvent un sentiment de crainte face à l’inconnu, à la nécessité de s’adapter à quelque chose de nouveau. Kevin J. JOHNSON, David AUTISSIER et Emmanuelle GRIL proposent une « petite histoire du changement organisationnel » et, s’appuyant sur une récente enquête exploratoire, étudient le phénomène de saturation ressenti dans les entreprises face à une cadence de changement organisationnel de plus en plus élevée.

J. Johnson Kevin, Autissier David, « Faut-il avoir peur du changement organisationnel ? », Gestion, 2020/2 (Vol. 46), p. 54-60.

https://www.revuegestion.ca/dossier-satures-de-changement-faut-il-avoir-peur-du-changement-organisationnel

Des sujets (re)placés au cœur du débat : télétravail et organisation agile (pour ne citer qu’eux !)

Le confinement a sonné, un peu partout en France et dans le monde, la mise en œuvre à marche forcée et à grand échelle du télétravail couplé à la nécessité de trouver de nouvelles dynamiques de travail, de nouveaux modes de management, de nouvelles manières de communiquer.

Une fois le confinement levé et le retour dans les bureaux possible, nombre d’organisations et d’entreprises ont fait le choix de maintenir le télétravail – au moins à temps partiel – pour les métiers et fonctions étant en capacité de travailler à distance. Le télétravail soulève depuis plusieurs années des questionnements : est-il « bon » pour l’entreprise ? Pour les collaborateurs ? Comment gérer l’amenuisement, voire l’effacement de la frontière entre vie professionnelle et vie privée ? Existe-t-il des risques, et lesquels ? Marc DUMAS et Caroline RUILLER se sont penchés il y a quelques années déjà sur les risques liés à la perméabilité des frontières entre deux aspects de notre vie.

Dumas Marc, Ruiller Caroline, « Le télétravail : les risques d’un outil de gestion des frontières entre vie personnelle et vie professionnelle ? », Management & Avenir, 2014/8 (N° 74), p. 71-95.

https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2014-8-page-71.htm

Cette question de frontière entre vie professionnelle et vie privée a été remise au cœur des débats lors du passage massif au télétravail induit par le confinement. Les effets et conséquences de ce mode de travail sont très variables selon les populations concernées ; le confinement a été un fort révélateur des inégalités dans le monde du travail (personnes équipées pour télétravailler versus personnes non équipées, salariés pouvant télétravailler versus salariés obligés de recourir au chômage partiel par exemple), et le télétravail ne fait pas exception à la règle. Anca BOBOC, sociologue dans le département des sciences sociales (SENSE) d’Orange Labs, étudie ces écarts conséquents dans un article publié dans la Revue des Conditions de Travail (éditée par l’ANACT, Agence Nationale pour l’Amélioration des conditions de travail).

Boboc Anca, « La frontière entre vie privée et professionnelle à l’épreuve du confinement : télétravail et déconnexion », Revue des Conditions de Travail, 2020, n°10, p. 37-42.

https://www.anact.fr/file/9739/download?token=Ljegoxu9

Marie Noeline SINAPIN s’intéresse quant à elle au construit théorique de l’agilité, « perçu comme un moyen pour répondre aux difficultés du management, dans le but de permettre aux entreprises de faire face à un univers incertain, non prédictible, en rupture et instable ». Les notions d’agilité et de flexibilité ont régulièrement été associées aux réponses que les organisations ont mises (ou auraient pu mettre) en place pour s’adapter aux circonstances sans précédent de la crise sanitaire. L’étude qualitative réalisée par l’autrice permet d’étudier le cas de Sanofi.

Sinapin Marie Noeline, « L’agilité n’est plus un slogan : enquêtes exploratoires et étude du cas Sanofi entemps de crise du Covid-19 : l’agilité est-elle un slogan ? », Cahiers Risques et Résilience, L’Harmattan, à paraître.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02517222/document

Et après ? Envisager sereinement l’avenir et répondre aux défis

La question de « l’après » se pose légitimement. Que faire pour traverser la crise ? Comment faire pour la traverser ? Quel avenir envisager ? Henry Mintzberg, professeur à l’Université McGill et grand ponte des sciences de la gestion, distille ses conseils pour traverser cette crise sanitaire sans qu’elle ne dégénère en crise de nerfs. Si naviguer à vue pour sortir une entreprise de la tourmente est éprouvant, les quelques conseils de l’universitaire canadien pourraient bien apaiser les esprits !

Boily Caroline, « Pour rester calme au cœur de la crise », Gestion, vol. 46, no. 2, 2020, pp. 22-25.

https://www.revuegestion.ca/dossier-special-et-apres-redemarrer-ou-reinventer-pour-rester-calme-au-cour-de-la-crise

Malgré ces conseils, (di)gérer la crise est un défi pour toutes les organisations, touchées de plein fouet par la pandémie et ses effets collatéraux. Du redémarrage de l’activité à de nouvelles formes de gestion, nombreux sont les défis qui nous attendent ! Caroline MENARD propose quelques éléments de réponses à travers un « guide de survie » adresser aux gestionnaires et managers qui ont dû adapter leurs processus pour continuer à travailler à distance. Confiance et communication sont les maîtres mots pour établir une stratégie managériale pérenne !

Menard Caroline, « Gestionnaire à distance en temps de crise : guide de survie aux nouveaux défis », revue Gestion en ligne.

https://www.revuegestion.ca/gestionnaire-a-distance-en-temps-de-crise-guide-de-survie-aux-nouveaux-defis

Pour élargir les perspectives : manager les savoirs

La crise a poussé les entreprises et organisations à (ré)interroger leur capital de connaissances pour envisager de manières de rebondir après la crise, pour identifier de nouvelles pistes d’activité, de nouvelles compétences à valoriser auprès des partenaires et clients. VOIRIN n’a pas fait exception, l’arrêt forcé lié au confinement nous a permis de faire un travail de fond pour capitaliser sur nos savoirs, mais surtout pour les partager ! Si les organisations se veulent vertueuses en ce domaine, c’est un sujet qui peut demeurer assez flou, et qui n’est pas forcément perçu comme prioritaire par les collaborateurs.

La quatrième édition du Manuel de Knowledge Management de Jean-Yves PRAX met l’accent sur les changements survenus récemment, présentés comme la résultante de l’appropriation « des nouveaux outils et méthodes de Réseau Social d’Entreprise (RSE), Lean et cartographie des processus, et des communautés de pratiques » :

  • « Une forte convergence entre les préoccupations de développement personnel des collaborateurs par les départements de Ressources Humaines, et les méthodes/outils offerts par le KM » ;
  • Ainsi qu’un « engouement croissant pour les communautés de pratiques ».

Le manuel est articulé en deux parties : la première présente les enjeux et concepts du Knowledge Management, et la seconde détaille les méthodes, outils et processus de pilotage à disposition des organisations afin de mener à bien cette démarche.

Prax, Jean-Yves. Manuel de Knowledge Management. Mettre en réseau les hommes et les savoirs pour créer de la valeur. Dunod, 2019.