La vingtième édition du salon Educatec Educatice s’est tenue à Paris du 9 au 11 mars ; elle a réuni les acteurs du numérique et de l’éducation pour une réflexion globale sur les transformations induites par les technologies de l’information et de la communication dans le domaine de l’éducation, afin de définir la pédagogie numérique de demain.
La conférence portant sur le plan numérique (défini par le Ministère de l’Education) et le développement des usages digitaux en France a permis de dresser un état de lieu de l’existant et du réalisé ; elle a également permis de prendre la mesure du chemin restant à parcourir.
Le plan numérique, une démarche globale
Mathieu Jeandron (Directeur du numérique pour l’Education Nationale) a présenté le plan numérique comme étant une démarche globale : il ne s’agit pas seulement de proposer et de mettre en place des équipements, mais de mener une transformation en profondeur de l’ensemble de la démarche pédagogique, de la culture de l’école, qui s’articule sur plusieurs piliers. L’un des premiers piliers du plan numérique est le travail de préparation à la transformation (formation des enseignants, confiance, bienveillance, écoute, liberté d’action des enseignants, changement de posture de l’ensemble de l’écosystème). En effet, il est nécessaire d’adjoindre au plan numérique une démarche d’accompagnement et de réflexion sur la transformation pédagogique et culturelle, afin de préparer le système éducatif à l’école de demain.
Pour aider à cette transformation, l’Education Nationale travaille sur la mise à disposition de ressources numériques ; il s’agit notamment de travailler avec les collectivités locales pour mettre à la main des élèves des dispositifs numériques mobiles (l’objectif étant d’équiper 40 % des élèves de cinquième à la rentrée 2016, puis de couvrir l’ensemble des élèves du collège en 3 ans). L’Education Nationale et le Ministère ont par ailleurs investi plus de 700 millions d’euros sur 3 ans pour le plan. Hervé Borredon (Président de l’AFINEF) a souligné que le plan numérique est une chance pour l’école, les enseignants, les industriels, en offrant un cadre à la structuration et au développement de la filière.
Des efforts à continuer et à intensifier
Toutefois, des nuances ont été apportées ; Sébastien Brulé (Directeur Général France, Afrique et monde francophone de Promethean) a indiqué que les actions susmentionnées mettent la France sur la bonne voie, mais que le résultat final est encore loin. A titre de comparaison, le Japon a investi 6,7 milliards d’euros entre 2014 et 2017 sur le même sujet. Par ailleurs, le taux d’équipements interactifs en France n’est que de 20 %. Le problème du plan numérique est qu’il se fait dans un contexte très contraint (17 départements ont des difficultés à équilibrer leur budget).
Ces chiffres ne doivent néanmoins pas faire oublier que des actions telles que le plan numérique rural ont tout de même donné une bonne impulsion. Pour passer à la vitesse supérieure, il faudrait maintenant orienter la réflexion et les politiques davantage sur le primaire, pour l’instant quelque peu délaissé. L’un des autres points à approfondir est définir un projet pour « aligner » l’ensemble des acteurs. Par ailleurs, les initiatives locales doivent être développées. Actuellement, des villes se regroupent pour fédérer, mutualiser, diminuer les coûts, favoriser la mobilité de l’enseignant dans un écosystème dans lequel il trouvera les mêmes choses. La mutualisation entre les différents niveaux de collectivités permettrait de traiter la problématique en fonction du continuum éducatif.
Un futur à construire
Depuis 10 ans, les plans portant sur le numérique dans l’éducation s’empilent ; il y a aujourd’hui convergence des éditeurs, du Ministère, des enseignants, le matériel évolue et est plus mature, les initiatives et les projets vont au-delà des « pilotes » sur le terrain. Pour la première fois, on parle de numérique en ayant un dialogue avec le Ministère. Face au changement rapide de la technologie, il faut maintenant acquérir des fondamentaux, à savoir une vision et une infrastructure sur lesquels construire des projets agiles. La question du numérique dans l’éducation doit s’envisager de manière transversale, en prenant en compte le système éducatif dès les premières classes, mais aussi en impliquant l’ensemble des acteurs dans un projet fédérateur et selon un plan d’action commun. Il faut notamment créer un nouveau dialogue entre les associations, le périscolaire, les collectivités, l’Education Nationale, et partir sur des projets territoriaux ayant fait l’objet d’une large concertation.
Participants à la table ronde :
- Hervé Borredon – Président de l’AFINEF
- Sébastien Brulé – Directeur général France, Afrique et monde francophone de Promethean
- Hélène Marchi – Directrice de l’education chez Intel
- Mathieu Jeandron – Directeur du numérique pour l’éducation au Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche
- Philippe Roederer – Délégué académique au numérique – Académie Créteil
- Sylvie Charrière – Principale du collège Romain Rolland à Clichy-sous-Bois
- Jean-Pierre Quignaux – Conseiller Innovation Assemblée des départements de France
par Galadriele Ulmer
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