La Smart City en France, entre grands projets et gouvernance législative



En 2019, le Journal du Net[1] recense 24 communes, métropoles ou communautés d’agglomération de toute taille ayant lancé un projet « Smart City » ; parmi les réalisations les plus courantes se placent en trio de tête l’open data, les smart grids (réseaux intelligents de distribution d’électricité) et le Wifi linéaire public. Les premières initiatives développées par ces organisations étant désormais en place, la voie est libre pour une seconde vague de projets ; ainsi, Saint-Étienne Métropole travaille sur un projet de détection automatique des bruits suspects, Paris mène une expérimentation de rue connectée, Issy-les-Moulineaux développe des outils prédictifs d’aide à la décision sur la circulation tandis que la Métropole Nice Côte d’Azur teste la reconnaissance faciale.

Parmi les communes françaises ayant opté pour la Smart City, un projet récent mérite que l’on s’y arrête. Dijon a dernièrement inauguré son projet global nommé « On’Dijon » ; derrière ce nom se trouve un dispositif permettant la gestion centralisée et connectée de l’ensemble de l’espace public de la commune. Ainsi, les feux de circulation, les lampadaires comme les caméras de surveillance sont voués à être tous connectés et pilotés en temps réel et à distance ; à ce jour, ce sont par exemple 43 000 lampadaires connectés qui ont été installés. Au-delà des applications auxquelles on peut penser en premier lieu comme la gestion des consommations énergétiques (d’ici à 2030, l’objectif est de pouvoir réaliser 65 % d’économie d’énergie) ou l’amélioration de la sécurité dans la ville, c’est l’ensemble du service public qui va bénéficier de ce dispositif. Ainsi, la police et les secours pourront s’appuyer sur la gestion des feux de circulation pour faciliter l’accès des secours aux différents lieux. Ce projet ambitieux, chiffré à 105 millions d’euros est co-financé par Dijon Métropole, la ville de Dijon, la région Bourgogne-Franche-Comté et l’Europe.

Si Dijon est l’un des projets les plus récents, la France connaît par ailleurs de belles réalisations ; Lyon a d’été classée première ville intelligente par le Parlement Européen en 2015. L’une des réussites de la ville est l’inauguration, il y a un peu plus de trois ans, d’un éco-quartier intelligent ; cet ensemble immobilier est le premier en France à produire davantage d’énergie qu’il n’en consomme. Bordeaux et Montpellier ont d’ailleurs emboîté le pas à Lyon, chaque métropole ayant travaillé à développer un éco-quartier.

Toutefois, les initiatives et expérimentations menées dans certains cas posent la question de leur légalité : alors que le cadre légal concernant la vidéosurveillance est très strict et peut permettre d’encadrer l’utilisation de la reconnaissance facial, le projet de Saint-Étienne sur l’écoute des bruits suspects profite d’un flou juridique (une bande audio pouvant être réécoutée sans limite) nécessitant une réflexion et la mise en place d’un cadre législatif permettant de garantir le respect de la vie privée des individus. C’est dalleurs la législation qui a conduit le projet de smart grid d’Issy-les-Moulineaux a connaître une fin « contrainte » ; lancé il y a 6 ans, Issygrid avait pour objectif de favoriser la production, la consommation le partage d’énergie au niveau local, tout en assurant un suivi plus fin de cette consommation pour mieux la maîtriser. Malheureusement, le projet n’a pu complètement aboutir car il n’a pas été possible de tester une fonctionnalité essentielle : le transfert d’électricité entre les différents membres du réseau, et ce à cause de la réglementation actuelle. Force est de constater que dans un cas comme dans l’autre, il est impératif et incontournable de faire évoluer la législation pour encadrer l’évolution de la ville intelligente mais aussi lui permettre de se développer.

[1] https://www.journaldunet.com/economie/services/1176221-smart-city-france/

Par Galadriele ULMER