Durant les prochaines semaines, VOIRIN vous propose un tour d’horizon de la ville intelligente et connectée, ou smart city, à travers plusieurs billets de blog.
La première étape consiste à définir la smart city, ou du moins à dessiner les cadres du concept. Par la suite, ce seront les différentes composantes de la ville intelligente et connectée qui seront abordées de manière détaillée.
La ville intelligente et connectée, une réponse aux enjeux des décennies à venir ?
D’ici à 2050, plus des deux tiers de la population mondiale vivra en ville[1] (contre 53 % actuellement)[2], ce qui pousse à revoir notre mode de vie, nos consommations, notre organisation. Comme le souligne Louis Treussard (Directeur général de l’Atelier BNP Paribas), cette urbanisation croissante porte de nombreux enjeux (énergétiques, environnementaux, économiques), auxquels s’ajoutent des problématiques transverses liées par exemple au vieillissement de la population, à la fracture sociale ou encore à l’organisation et la gestion des transports[3].
Le flux urbain (et ses conséquences) qui s’annonce nécessite la mise en œuvre des solutions permettant de le gérer ; actuellement, les villes telles qu’elles existent ne sont pas en capacité d’y faire face. Par exemple, rien qu’en Inde, la maîtrise de l’urbanisation suppose la création de 500 villes supplémentaires d’ici à 2050[4]. Face aux enjeux hautement impactants liées à ce phénomène en hausse continue, une solution semble apporter, sinon une réponse complète, des éléments de réflexion et d’évolution pour appréhender les changements en cours : la « ville intelligente ».
Autour du concept de la smart city
Le concept de ville intelligente a pour la première fois été utilisé en 1994, et n’a pas cessé d’évoluer depuis. Au cours de la dernière décennie, le concept de « ville intelligente » est ainsi passé d’une mise en avant du « tout technologique » (outils, données, réseau) à une prise en compte de la dimension humaine, au service de laquelle se placent les technologies.
Les définitions d’une ville intelligente varient selon les courants de recherche et les points de vue : est-ce une ville « verte » ? Une ville de la connaissance ? Ishida (2002) [5] la définissait comme un espace où les gens peuvent interagir et échanger de la connaissance et de l’information à un format digital, tandis que Batagan (2011) [6] la présente comme une ville poursuivant un objectif de développement économique tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et la pollution.
Parmi l’ensemble foisonnant des définitions existantes (aussi bien données par la littérature universitaire que par les acteurs tels que les fournisseurs de technologies), Attour et Rallet (2014) [7] relèvent deux visions principales du concept :
- Soit la ville intelligente « est définie à travers sa capacité à améliorer la qualité de son territoire par la numérisation de ses activités économiques », ce qui lie la notion de ‘smart city’ à son contenu technologique (une ville est alors «d’autant plus ‘smart’ qu’elle est numérisée ») ;
- Soit elle l’est par « la totalisation de plusieurs vertus (l’innovation, la formation, la gouvernance territoriale, le respect de l’environnement, la mobilité et son engagement dans le développement durable) lui attribuant le label ‘smart’ », ce qui rend la ville « économiquement compétitive, efficacement gérée et agréable à vivre».
S’il est difficile de trancher sur une définition unique de la ville intelligente, nous proposons de retenir une constante qui se dégage des différentes définitions et qui semble pouvoir faire consensus : la villa intelligente a vocation à créer et consolider de la connaissance et de l’innovation pour améliorer la qualité de vie.
Des initiatives de plus en plus nombreuses en France
Bien que la définition d’une ville intelligente puisse être sujette à discussion, cela n’a pas empêché l’essor du concept et sa mise en œuvre à travers le monde ; dans ce domaine, la France n’est pas en reste et on peut y constater une multiplication des expériences.
Les agglomérations (notamment les grandes agglomérations) ne font pas exception ; de plus en plus sont des villes intelligentes en devenir (ou du moins se revendiquent comme telles), à l’image de Paris qui s’est dotée en 2015 d’un plan stratégique nommé « Paris Ville intelligente et durable, perspectives 2020 et au-delà ». Ce plan ambitieux et volontaire repose sur la mutualisation de trois modèles de villes : la ville connectée, la ville ouverte et la ville ingénieuse.
La ville de Toulouse s’est elle aussi engagée dans la mise en œuvre d’un schéma directeur « Smart City » qui doit être réalisé d’ici à 2020. Ce plan repose sur une « fabrique à projets » et s’inscrit dans le cadre du programme européen pour la recherche et l’innovation. Grâce à son schéma directeur « Smart City », Toulouse a pour objectif de devenir une « métropole qui innovation pour le bien-vivre et le bien-accueillir, avec et au service des usagers et dans une gestion optimale de sa dépense publique ».
[1] Données des Nations Unies, World urbanization prospect, en ligne : https://esa.un.org/unpd/wup/DataQuery/.
[2] LIEROW, Michael, B2City : the new of urban logistics, http://www.oliverwyman.com/content/dam/oliver-wyman/global/en/files/archive/2012/20120503-City_Logistics_POV-final.pdf
[3] http://www.lemonde.fr/les-villes-d-un-monde-qui-change/article/2016/05/02/la-ville-intelligente-gerer-les-flux-et-accroitre-le-bien-etre-du-citoyen_4911902_4810823.html
[4] http://www.thehindu.com/features/homes-and-gardens/green-living/what-are-smart-cities/article6321332.ece
[5] ISHIDA, Toru, « Digital City Kyoto », Communications of the ACM, 2002, Vol. 45, n°7, p. 76-81.
[6] BATAGAN, Lorena, « Smart cities and sustainability models », Revisit de Informatics Economica, Vol. 15, n°3, p. 1305–1453.
[7] ATTOUR, Amel, RALLET, Alain, « Le rôle des territoires dans le développement des systèmes trans-sectoriels d’innovation locaux : le cas des smart cities », Innovations, 2014, Vol. 1, n°43, p. 253-279.
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